Portrait photo : Jessica Brodeur, inspiration authentique

Jessica Brodeur est une femme de 36 ans originaire de Saint-Hubert qui a su transformer son parcours de vie pour devenir une figure influente dans le domaine du bien-être et de l'acceptation de soi.​

Tout commence en 2018 lorsqu’elle décide de se lancer dans un projet de fitness pour lequel elle s’entoure de professionnels de l’industrie afin de la guider. Ayant une personnalité très intense, celle-ci respecte ses plans d’alimentation et d’entraînement à la lettre et se hisse rapidement au sommet des podiums dans sa catégorie lors de compétitions de fitness. Or, ce mode de vie génère chez elle un énorme déséquilibre au point de vue de sa santé physique et mentale.

Elle sombre peu à peu le monde pervers des TCA (Troubles du Comportement Alimentaire).

Le début d’un long processus de guérison

Lorsque sa psychologue lui demande de retirer sa montre intelligente, elle constate que son combat ne fait que commencer. En effet, même son rapport au mouvement et à l’activité physique souffre de l’empreinte de son parcours fitness. Compter les pas, mesurer l’activité cardiaque, dénombrer les calories brûlées… Le tout afin de connaître l’impact de chaque séance de sport sur son corps.

À quoi bon bouger si l’entraînement n’est pas comptabilisé? Ça serait comme s’il n’avait jamais existé!

ERREUR et CLAQUE AU VISAGE. Jessica prend conscience qu’elle n’a jusqu’alors jamais bougé pour le simple plaisir. Jusqu’à présent, bouger servait un intérêt de performance uniquement. Encore une fois, elle se doit de déconstruire chacune de ses croyances encrées afin de créer un nouveau rapport au mouvement. Un qui soit sain et durable. 

Objectif jessbrod_fit

En 2019, Jessica décide de lancer sa page Instagram, @jessbrod_fit, pour partager son parcours de guérison des troubles alimentaires. Son objectif est de promouvoir une relation saine avec l'activité physique et de sensibiliser à la diversité corporelle et à l'inclusion. Son message de "self-love" et d'alimentation intuitive résonne alors auprès de milliers de personnes. ​

C’est à travers ses partages, lors de son processus de guérison qui dure environ 4 ans, que Jessica réalise que sa lutte personnelle se transforme peu à peu en mission collective. Ce que les autres lui communiquent quotidiennement via les réseaux sociaux fait état de tout le bien qui peut découler de sa démarche transparente. Le premier bienfait étant de normaliser, d’éliminer le tabou entourant les troubles alimentaires.  Le second étant de semer l’espoir comme quoi c’est bel et bien possible de travailler à obtenir une relation positive avec son corps, son mouvement et son alimentation.

Malgré tout, Jessica avoue avoir fait partie du problème en faisant la promotion de la minceur, de la perte de poids et de la performance extrême. En effet, elle travaillait elle-même dans une grande chaîne de gyms au Québec pendant quelques années auparavant. Bien qu’elle était prédisposée aux troubles du comportement alimentaire, c’est cette période de sa vie qui devint le point d’ancrage de sa descente aux enfers. Ironiquement, même après sa prise de conscience quant au caractère néfaste de la culture des diètes, elle continua de travailler dans l’industrie du fitness quelques temps, soit jusqu’au jour où ses nouvelles valeurs inclusives entraient désormais trop en conflit avec celles de la boîte.

À son compte

Une fois sortie de l’engrenage, Jessica demeure tout aussi passionnée par l’instruction de cours de groupe et sait pertinemment que cela lui manquera cruellement, maintenant ses talons tournés. Toutefois, ne répondant plus aux standards de l’univers de l’entrainement et du fitness, elle se dit que plus personne ne voudra suivre ses conseils en matière d’activité physique. Elle met donc temporairement sa passion de côté, jusqu’au jour où on lui propose d’enseigner à nouveau, tout en faisant la promotion de la diversité corporelle et du plaisir de bouger.

Jessica constate que certes, son corps est aujourd’hui plus gros et qu’il ne parvient pas à compléter tous les mouvements. Or, cette dernière est tout de même entièrement en mesure de les expliquer à ses participantes et de motiver ses troupes lors de leur exécution!

Peu à peu, elle rebâti donc sa confiance en elle et en ses capacités et fonde sa propre entreprise, toujours sous la bannière Jess Brod Fit. Ainsi, en 2022, elle élargi sa présence en ligne en lançant sa chaîne YouTube, où elle propose des entraînements variés, des vlogs et des partages sur son quotidien. Elle offre également des services d'entraînement en ligne, de coaching privé et crée des programmes personnalisés, toujours axés sur le respect du corps et le plaisir de bouger. ​

Chaque semaine, elle accompagne des femmes qui souffrent ou qui ont souffert d’un rapport malsain à la nourriture ou à l’entraînement. Elle leur offre un encadrement inclusif et bienveillant où elles peuvent se montrer vulnérables, sans craindre de se retrouver en situation d’échec. Ainsi, Jessica se crée une communauté de partage qui ne cesse de grandir tant elle répond à un besoin criant; celui de trouver sa place au cœur d’une société de performance où le paraître prime sur le bien-être.

Enfin guérie

Lorsqu’elle proclame enfin la fameuse phrase : « Je suis guérie » sur ses réseaux sociaux, elle est confiante que la petite voix dans sa tête qui la pousse à se faire souffrance est définitivement réduite au silence.

Aujourd’hui, Jessica parle souvent d’alimentation intuitive et de mouvement joyeux. Or, elle n’est pas en mesure de nommer un unique moment charnière où le concept de bouger est redevenu un plaisir, plutôt qu’une punition. Au contraire, elle affirme que cela est venu au fil du temps. Toutefois, il est vrai que le jour où elle a su qu’elle pourrait continuer d’être entraîneuse à sa façon - en donnant naissance à l’univers de Jess Brod Fit, a pesé lourd dans la balance. De faire bouger les gens et s’amuser avec eux... Non seulement ça faisait du bien aux autres, mais ça la nourrissait personnellement par la bande.

Puis, en repensant au passé et aux autres versions d’elle-même qui ont précédées, Jessica n’en rejette aucune. Toutes ces étapes ont permis de faire d’elle-même la personne qu’elle est aujourd’hui. Elle affirme qu’elle avait beaucoup de prédispositions à faire des troubles alimentaires. Du coup, ça n’aurait été qu’une question de temps avant que ceux-ci ne fassent surface.

Par exemple, les troubles alimentaires sont génétiques. Cela n’implique pas obligatoirement que quelqu’un en développera, mais les chances pèsent en sa défaveur. Ensuite, les TDA (Troubles du Déficit de l’Attention) représentent une prédisposition également. Pour sa part, Jessica a été diagnostiquée à 30 ans avec un TDA avec impulsivité. Du coup, elle a compris pourquoi son cerveau traitait aussi rapidement l’information et passait direction à l’action sans analyser les situations survenant dans son quotidien. 

L'heure des aurevoirs

Vers la fin de son parcours, il y eut quelques moments plus bouleversants que les autres qui sont venus la changer à tout jamais.

Le premier a été lorsqu’elle a publié les mots : « Je suis guérie » sur son petit tableau noir dans une publication et de le nommer officiellement à sa psy et à sa nutritionniste. De savoir qu’elle avait enfin passé au travers, qu’elle avait réussi à faire taire sa petite voix intérieure ainsi que de faire cesser les comportements toxiques… Ce fut en soit une grande étape dans sa vie.

Le second a été quand elle a mis fin à sa thérapie il y a deux ans. Comme sa psy savait qu’elle ne parviendrait pas seule à mettre un terme au suivi, c’est elle qui a initié le pas et proposé une fin imminente au traitement. En soulevant cette piste de réflexion, elle avait prouvé à Jessica que ce genre de décision pouvait se réfléchir et se préparer, sans pour autant fermer la porte complètement. En vue de la prochaine et dernière séance, Jessica décida de lui lire une lettre composée pour l’occasion, afin de tourner la page. Ce fut un moment mémorable dans son cheminement et encore aujourd’hui, Jessica ne regrette pas son choix d’avoir mis un terme à sa relation thérapeutique comme elle avait désormais tous les outils en elle pour aller de l’avant. 

Le corps que j'ai maintenant

Lors de notre rencontre, Jessica affirme qu’elle ne ressent plus la peur d’une récidive car les outils qu’elle a acquis tout au long de son processus de guérison sont désormais suffisamment encrés en elle. Elle sait aujourd’hui reconnaître les signes avant-coureurs des comportements récidivistes et a tout le bagage nécessaire pour recadrer ses pensées et comportements au besoin.

En mars 2024, Jessica publie son livre intitulé "Le corps que j'ai maintenant", dans lequel elle partage son expérience personnelle et offre des outils pour cultiver une relation saine avec son corps.

Avec l’écriture de son livre, Jessica parvient à revisiter l’entièreté de son vécu afin d’en faire bénéficier aux gens qui souffrent en silence. Elle dit que cette rédaction lui a permis en quelques sortes de faire la paix avec son passé et de s’autoriser à le laisser derrière. Désormais, elle s’adonne à faire ce qui la rend heureuse sous la bannière de Jess Brod Fit et ne vise pas de projets en particulier, sinon que de se laisser porter par la vie et ses opportunités. 

Le mot de la fin

À travers ses diverses initiatives, Jessica Brodeur continue d'inspirer et d'accompagner de nombreuses personnes dans leur parcours vers l'acceptation de soi et le bien-être.

Depuis plusieurs années, elle fait le choix conscient de se mettre à nu devant les Zinternets. De se retrouver au SUMMUM de la vulnérabilité, tantôt exposant ses formes, tantôt en dansant en bobettes sur du beat avec un poireau à la main. Elle fait rire, elle fait pleurer…Peut-être même parfois les deux en même temps car cette femme est capable de tout.

Chose certaine, elle incarne des valeurs de courage et d’espoir et demeurera toujours une preuve vivante qu’il est possible de se sortir d’un TCA si on a le courage de tendre la main pour demander de l’aide.